vendredi 20 novembre 2015

Séance du 24 novembre 2015

Date et heure: Mardi 24 novembre 2015 de 19h à 21h

Lieu: Pôle des Langues et Civilisations, 65 rue des Grands Moulins - 75013 Paris
Salle: 5.05

L’acquisition de la liaison chez des apprenants italophones. Des atouts d’un corpus de natifs pour l’étude de la liaison en français langue étrangère (FLE)

Guilia Barreca
Université Paris-Ouest Nanterre - CNRS MoDyCo 

Résumé : 
Dans le cadre du projet « InterPhonologie du Français Contemporain » (IPFC) (Racine, Detey et Kawaguchi 2012) ce travail se propose d’examiner les stratégies d’acquisition de la liaison en L2. Si des modèles développementaux ont été proposés pour l’acquisition de la liaison en L1, aucune hypothèse pour rendre compte de l’apprentissage en L2 n’a reçu à ce jour un appui empirique convaincant (Wauquier 2009).C’est dans ce contexte que s’inscrit la présente étude longitudinale menée auprès d’étudiants italophones de français langue étrangère (FLE) (niveau A2-B1) dont les résultats ont été enrichis par une comparaison avec les autres travaux multilingues issus du projet international IPFC. Cette approche a permis de mettre en évidence la présence de tendances et d’erreurs communes qui suggèrent que, malgré le recours à des stratégies lexicales, les apprenants sont en mesure de développer des généralisations phonologiques de la liaison. De plus, compte-tenu des difficultés que l’hétérogénéité de la liaison pose dans l’enseignement et l'acquisition en français L2 (Racine et Detey sous presse), les apprenants montrent des faiblesses tant au niveau de la production de la liaison qu’au niveau des connaissances épilinguistiques (Gombert 1990) de la variation de la liaison.Ces résultats nous ont amené à exploiter les données extraites de l’analyse fréquentielle du corpus des natifs « Phonologie du Français Contemporain » (PFC) (Durand, Laks et Lyche 2009) afin de proposer des ressources pédagogiques dont nous espérons qu’elles seront en mesure, dans le cadre d’une démarche data-driven learning, de contribuer au renouvèlement de l′enseignement de la liaison en français langue étrangère.

Mots clés : acquisition de la liaison, français langue étrangère, stratégies d’acquisition, usages des natifs, traitement classificatoire de la liaison, apprentissage sur corpus.

vendredi 10 avril 2015

Séance du 5 mai 2015

Date et heure: Mardi 5 mai 2015 de 19h à 21h

Lieu: Pôle des Langues et Civilisations, 65 rue des Grands Moulins - 75013 Paris
Salle: 3.15

Polysémie et structuration du lexique : Le cas du wolof

Olivier Bondéelle
Université Paris-Ouest Nanterre - CNRS MoDyCo 
Lieden University LUCL


Résumé : 

Ce travail porte sur le rôle de la polysémie dans la structuration du lexique. La thèse propose de faire une évaluation qualitative de la polysémie, en la comparant aux autres relations qui structurent le lexique. Cette entreprise doit permettre de vérifier que les liens de polysémie ne doivent pas être modélisés indépendamment des liens de dérivation ou de conversion. Les résultats de l‘évaluation montrent que la frontière entre polysémie et conversion est poreuse.

Les comparaisons entre relations utilisent les propriétés de l’analogie, bien adaptée pour caractériser les rapports entre relations. Ce sont les liens qui connectent les lexies qui font l’objet d’une comparaison. Un lien de polysémie est ce qui connecte deux lexies en relation de polysémie. Ce lien peut être comparé à un lien qui connecte deux autres lexies en relation de conversion.

La langue d‘étude est le wolof, langue atlantique d’Afrique de l’ouest. Cette langue est un terrain propice à une telle recherche. Un large éventail de procédés morphologiques structurent le lexique (dérivation par suffixation, dérivation par alternance consonantique, conversion par changement du morphème de classe nominale).

L’apport descriptif de ce travail est d’explorer les champs des artefacts et des émotions du wolof, champs jamais décrits auparavant du point de vue de la structuration du lexique pour une langue africaine. La méthodologie consiste à décrire les sens des unités lexicales et les liens sémantiques qui les connectent par un métalangage unique, celui de la métalangue sémantique naturelle (NSM), introduit ici pour le wolof.

Remarque: La présentation, qui est une préparation pour la soutenance, se fera en 2 temps: une présentation de la thèse en 20 min et un approfondissement de qqs thématiques. 


jeudi 5 février 2015

Séance du 11 février 2015

Date et heure: Mercredi 11 février 2015 de 19h à 21h
Lieu: Pôle des Langues et Civilisations, 65 rue des Grands Moulins - 75013 Paris
Salle: 4.05

L'autre langage : existe-t-il des langues (non-)créoles ?


Jean-Charles HILAIRE

Résumé : En partant d’une analyse rapide des usages ordinaires de métis et de créole, on commencera par montrer que l’usage du terme métissage peut difficilement s’étendre aux faits de langage, et que les langues dites créoles ne sont pas à proprement parler des langues métisses. Plus, il apparaît à l’analyse linguistique de ces dernières que la créolisation, dont on interrogera la spécificité dans son rapport complémentaire avec la dialectalisation, n’aboutit pas plus à des langues créoles identifiables  comme telles en synchronie que la seconde n’aboutit à des dialectes identifiables en eux-mêmes comme tels, les deux produisant ce que produit socialement l’activité de langage, à savoir des langues, ou paradoxalement plus précisément peut-être, de la langue. Cependant, prendre en compte la créolisation, comme imposition de l’autre dans l’activité de langage, complexifie heureusement nos conceptions de la généalogie des langues : d’une part parce que les sociétés n’étant pas monolingues, il n’est souvent pas suffisant de recourir aux modalités d’une dialectalisation aux ressorts endogènes pour expliquer les différenciations ; d’autre part, et plus radicalement, parce que du même, rien ne nait d’autre. Or les langues ont une histoire qui les transforme, elles sont des transformées d’histoires et c’est justement en cela qu’elles sont multiples et que nous sommes aptes à signifier la mouvance du réel, à partir et au-delà des procédures codées qui constituent nos nécessaires lieux communs. Ainsi, la prise en compte de l’autre comme trouble, moteur et cause de l’activité de langage nous conduira à réaffirmer le caractère social, passif, subjectif et dynamique de celle-ci, où les transformations de valeurs sont nécessairement en jeu dans la parole et la signification. En réduisant la différence entre des langues qui seraient créoles et des langues qui seraient juste des langues, puis en repensant la complémentarité entre créolisation et dialectalisation en termes de points cardinaux aux deux pôles d’un seul continuum de modalités diachroniques, il ne s’agira donc pas de soutenir un discours où chaque langue resterait fille de sa mère et chaque sujet de langue le dépositaire d’un réseau de valeurs homogènes et de règles communes, mais bien au contraire de reconnaître dans toute activité de langage ce que nous en montrent de façon radicale les faits de créolisation, et d’ouvrir les questions qu’ils posent à toutes les langues historiquement circonscrites.