dimanche 18 mars 2012

Séance du 20 mars 2012

Date et heure: mardi 20 mars 2012 de 18h30 à 20h30
Lieu: Pôle des Langues et Civilisations: 65 rue des grands moulins - 75013 Paris
Salle: communiquée ultérieurement

Titre: Compléments résultatifs et expression de la subjectivité en chinois
Auteur: Odile Roth, Inalco - CRLAO, UMR 8563 du CNRS

Résumé:
Le but de cet exposé est de mettre en évidence le rôle que peuvent jouer certains compléments résultatifs dans l’expression de la subjectivité en chinois contemporain.
Les constructions résultatives du chinois contemporain sont généralement décrites comme l’association d’un verbe d’action et d’un complément résultatif de nature verbale (verbe d’action ou verbe d’état) indiquant le résultat engendré par l’action du premier verbe. Ces compléments résultatifs sont traditionnellement répartis en trois catégories, en fonction du type de résultat qu’ils dénotent : les résultatifs d’état décrivent un état résultant de l’action du verbe ; les résultatifs directionnels indiquent la direction dans laquelle s’effectue l’action du verbe. La dernière catégorie de résultatifs regroupe quant à elle l’ensemble des compléments résultatifs n’entrant ni dans la première, ni dans la seconde catégorie. Sa définition reste assez floue, mais l’ensemble des auteurs s’accordent pour dire que son rôle est d’apporter une information de type aspectuel au premier verbe de la structure. Ainsi, des verbes tels que dào « arriver », diào « tomber », hăo « être bon, être prêt » perdent leur sens initial lorsqu’ils sont employés en tant que compléments résultatifs, et sont employés pour indiquer que l’action est arrivée à son terme, qu’elle a abouti au résultat escompté.
Exemples :
(1) zhăo « chercher » et zhăo-dào « trouver »
(2) cā « essuyer » (faire le geste de frotter) et cā-diào « essuyer » (faire partir une tache)
(3) zuò « faire » et zuò-hăo « achever »

Or, il arrive qu’un même verbe puisse être employé avec plusieurs compléments résultatifs de type aspectuel, ce qui conduit à de notables différences de sens :
(4) chī « manger » et chī-hăo « finir de manger »
(5) chī-diào « engloutir »
(6) chī-dào « avoir l’occasion de manger »

Nous analyserons ce phénomène comme une résurgence des sens verbaux initiaux des compléments résultatifs, qui ne peut se produire que dans des configurations d’énoncé bien particulières, et montrerons qu’un locuteur peut sciemment faire un choix parmi plusieurs compléments résultatifs pour faire porter sa marque sur l’énoncé. En effet, dans les exemples (5) et (6), le complément résultatif n’est plus seulement employé pour marquer l’arrivée à terme d’une action, mais comporte une évaluation sur la manière dont s’effectue l’action. Ces valeurs de subjectivité ne pouvant s’apprécier pleinement qu’au sein de leur situation d’énonciation, nous prendrons soin au cours de l’exposé de citer les énoncés dans leur intégralité, accompagnés de leur contexte si nécessaire.


Références :
kerbrat-orecchioni, Catherine (1997), 3ème édition (1ère édition 1980) L’énonciation – De la subjectivité dans le langage, Armand Colin, 290 p.
Lagae, Véronique et al. (eds), 2002, Temps et aspect : de la grammaire au lexique, Cahiers Chronos 10, 215 p.
Li, Charles et Sandra A. Thompson (1981), Mandarin Chinese: a functional reference grammar, Berkeley: University of California Press, 691 p.
Liu, Yan (2007), “V 掉”的语义类型与“掉”的虚化V-diào de yŭyì lèixíng yŭ diào de xūhuà [Typologie des sens de V-diào et grammaticalisation de diào], dans 中国语文 Zhōngguó Yŭwén 2, pp. 133-143
Robert, Stéphane (1994), « Rôle du sujet énonciateur dans la construction du sens », dans Subjecthood and Subjectivity, Ophrys, pp. 209-229
Rygaloff, Alexis (1973), Grammaire élémentaire du chinois, PUF, 261 p.
Tournadre, Nicolas (2004), « Typologie des aspects verbaux et intégration à une théorie du TAM », dans Bulletin de la Société de linguistique de Paris, t. XCIX, fasc. 1, p. 7-68
Xu, Dan (et al.), 2008, Les résultatifs du chinois contemporain : dictionnaire pratique, L’Asiathèque, 348 p.

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