dimanche 26 juin 2011

Séance du 28 juin 2011

Date et heure: mardi 28 juin 2011 à 19h
Lieu: Département Afrique de l'Inalco RDC - 10 rue Riquet 75019 Paris, Métro Riquet

Titre: Esquisse d'une hiérarchie sémantique de noms d'artefacts du wolof
Auteur: Olivier Bondeelle (Université Paris-Ouest; Leiden University)

Résumé
Si un artefact est une production humaine qui a une fonction déterminée, les noms d'artefacts sont potentiellement très nombreux. Pourtant, aucune étude à ma connaissance n'a exploré ce champ sémantique pour le wolof. Cette présentation est l'ébauche d'une exploration de l'organisation hiérarchique de ce champ. La première partie de cet exposé est une typologie sommaire des noms d'artefacts du wolof. Elle est basée sur le degré de prédicativité des noms, et sur la fonction des artefacts dans la situation dénotée. A une extrémité de l'échelle se trouvent des noms qui ne contrôlent qu'un actant et qui dénotent des objets destinés à la sphère personnelle de l'utilisateur (bijoux, vêtements). A l'autre extrémité se trouvent des noms qui contrôlent au moins trois actants et qui dénotent des moyens d'échanges entre les participants de la situation (moyens de transport, monnaie).
A partir de cette typologie, on propose d'attribuer une étiquette sémantique à quelques types de noms. La notion d'étiquette sémantique (es) a été publiée dans Polguère 2003. Elle consiste grosso modo à synthétiser la composante centrale d'une définition de type lexicographique (Mel'cuk et al. 1995) par une unité lexicale ou un syntagme de la langue de définition. Pour les besoins de la présentation, on se limitera à une définition abrégée. Celle-là prend la forme d'une proposition simple qui spécifie le nombre et la réalisation des actants, ainsi que l'utilisation générale de l'artefact.
La seconde partie se penche sur des noms sémantiquement ambivalents dont la caractéristique est que l'on peut leur attribuer plus d'une es comme dans les exemples ci-dessous.

(a) ñi doon tëgg sabar yi daldi taxaw
3pl pred.pass battre un rythme tam-tam pl aussitôt s'arrêter
Les batteurs de tams-tams s'arrêtèrent

(b) Sabar gi door; ñuy fecc, tëgg mi ak tàccu yi xumb
tam-tam sg commencer 3pl.inac danser battement de tambour sg avec applaudissement pl être animé
La séance de tam-tam commença; on dansa, le battement des tam-tams et les claquements de mains étaient animés

(c) dinaa la bàyyi nga dem ca sabar gi nga ma doon tàggu
pred.inac.1sg 2sg laisser 2sg aller loc tam-tam sg 2sg 1sg pred.pass demander la permission
je te laisserai partir au sabar comme tu me l'avais demandé

(d) [...] sabar ga tas, ñépp fàq, ku nekk daw dugg sa kër
tam-tam sg se disperser 3pl faire une fugue chacun courir entrer poss.2sg maison
l'assemblée (du sabar) se disperse, tous fuient, chacun file droit dans sa maison

Références
Mel'cuk et al. 1995. Introduction à la lexicologie explicative et combinatoire. Duculot
Polguère A. 2003. Etiquetage sémantique des lexies dans la base de données DiCo. TAL, vol. 44(2), 2003: 39-68

lundi 6 juin 2011

Séance du 7 juin 2011

Date et heure: mardi 7 juin 2011 à 19h
Lieu: Département Afrique de l'Inalco RDC - 10 rue Riquet 75019 Paris, Métro Riquet

Titre: Le marquage pluriel des SNs avec démonstratif en yorùbá : un cas de variation diachronique?
Auteur: Nicolas Aubry (INALCO - LLACAN)

Résumé:
Nous limitant au cas de SNs comportant le démonstratif yìí (sg.) / wọ̀nyí (pl.) (de très loin le plus fréquent), nous présentons les trois possibilités pour y marquer le pluriel : (1) la présence de la "marque de pluriel" àwọn préposée à la tête nominale, avec la forme "singulier" du démonstratif yìí, (2) la présence de la forme de pluriel du démonstratif wọ̀nyí, sans la "marque de pluriel" àwọn, enfin (3) la présence à la fois de la "marque de pluriel" àwọn et de la forme de pluriel du démonstratif wọ̀nyí.

(1) àwọn ìwé yii
pl livre dem
'ces livres'

(2) ìwé wọ̀nyí
livre dem.pl
'ces livres'

(3) àwọn ìwé wọ̀nyí
pl livre dem.pl
'ces livres'

Ces trois SNs sont toujours décrits comme synonymes dans les travaux sur le yorùbá, ce que nous acceptons. C'est même le point de départ du travail présenté : s'il s'agit de constructions concurrentes, il peut être intéressant de comparer leurs fréquences respectives en diachronie. Moyennant la caractérisation (manuelle) d'environ 4000 occurrences, nous avons relevé les cas pertinents (démonstratif + pluriel) dans un corpus diachronique de presse couvrant huit décennies, puis effectué les calculs nécessaires.
S'il est difficile de dégager une tendance régulière, certaines périodes se distinguent nettement ; on note par exemple une forte augmentation de la construction (1) dans la période la plus récente alors que cette construction, fréquente au début du 20è siècle, avait "chuté" entre-temps.